Le président de la fédération française de football (FFF) Philippe Diallo estime dans un entretien à l'AFP que les supporters doivent "faire preuve d'imagination" en abandonnant des propos "plus en adéquation avec la société", après les chants homophobes entonnés par des supporters parisiens lors du match contre Marseille (4-0) le 24 septembre.

Question: où en est le chantier de la gouvernance de la FFF, une de vos priorités depuis votre élection en juin?

Réponse: "Je pense et j'espère que la gouvernance a été apaisée il y a quelques mois et qu'on a retrouvé une sérénité dans le fonctionnement. Nous avions un défi à relever: adapter les statuts de la fédération aux nouvelles exigences de la loi de mars 2022 et en juin dernier l'assemblée fédérale a voté les grandes orientations de cette réforme, qui sera finalisée en décembre".

Q: au'en est-il d'un autre chantier de la FFF, la question des violences sexistes et sexuelles?

R: "On a plus de 600.000 mineurs qui sont licenciés à la fédération française de football, ça nous donne un devoir particulier en la matière. On a mis en place des contrats d'honorabilité, on a fait près de 88.000 contrôles sur les présidents, trésoriers, secrétaires généraux, éducateurs. A ce stade-là, on a moins d'une vingtaine de cas qui ont été décelés, sur lesquels on fait des signalements systématiques via la plateforme ministérielle. Mais je pense qu'on doit aller plus loin: les parents qui nous confient leurs enfants doivent le faire en pleine confiance. A la mi-octobre, nous allons annoncer un plan spécifique sur les violences sexuelles et sexistes pour que la fédération se mette pleinement en ordre de marche sur ces sujets".

Q: Comment réagissez-vous aux chants homophobes de certains supporters du PSG lors de la rencontre contre Marseille?

R: "Il faut condamner ce type de propos. J'invite les supporters à faire preuve de plus d'imagination. Quand j'étais jeune, j'étais aussi dans ces tribunes, j'entendais déjà les mêmes chants. Je les invite à renouveler leur répertoire parce que ce type de propos n'est plus en adéquation avec la société dans laquelle on vit. Je pense qu'on peut supporter son équipe de manière plus positive".

Q: Partagez-vous l'avis de la ministre des sports Amélie Oudéa-Castera sur la nécessité d'interrompre les matches dans cette situation?

R: "Il faut le faire avec discernement, pour ne pas non plus se mettre dans la main de gens qui seraient mal intentionnés en tribunes. Je pense que la Fédération a aussi une mission de service public, en étant un acteur de l’engagement en France. Mi-octobre, on va prendre un certain nombre d'initiatives avec des associations qui luttent contre ces phénomènes dans la société, pour les associer à la fédération et participer à l'éducation de notre jeunesse depuis le plus jeune âge".

Q: Y-a-t-il un problème d'homophobie dans le football?

R: "Je considère que le football n'est pas un monde à part où il y aurait un phénomène d'homophobie qui soit particulier. Je ne nie pas la question de l'homophobie dans le football, mais est-ce qu'il y aurait un particularisme du football sur la question de l'homophobie? Personnellement, je ne le crois pas, c'est un phénomène qui existe, comme d'autres qui touchent le football, comme les violences. Quand vous avez une collectivité de plus deux millions de licenciés, évidemment vous êtes confrontés à ce type de problèmes".

Q: Sur un plan sportif, quelles ambitions avez-vous pour la France aux JO-2024?

R: On dit souvent, et je pense que c'est justifié, qu'on a la meilleure formation du monde. Quand on envisage les compétitions à venir, dont les JO, on ne peut avoir qu’une ambition forte: être au moins sur le podium, et si possible avoir le plus beau métal, l'or. C'est une ambition partagée par les joueurs, les joueuses et par leurs coachs".

Q: Les clubs libèreront-ils leurs meilleurs joueurs?

R: "On a un travail de conviction à faire tout au long de l’année avec les clubs. Thierry Henry (le sélectionneur, ndlr) est quelqu'un qui par sa stature, sa notoriété, peut nous accompagner. Je pense aussi que le fait que ce soit en France, et qu'on n’a pas eu les Jeux depuis un siècle est un élément d'intérêt national dans lequel j'espère que les clubs s'inscriront".

Propos recueillis par Olivier BORIES