Très affecté jeudi après le match nul concédé par l'OM face au Shakhtar Donetsk, qu'il a assimilé à une défaite, Gennaro Gattuso peine à remettre Marseille dans le sens de la marche, alors qu'un difficile et important déplacement se profile dimanche à Brest.

KO et virus

Le scénario du match de jeudi, avec l'OM deux fois devant et deux fois repris en trois minutes dont la dernière dans le temps additionnel, a été difficile à avaler pour tous les Marseillais, Gattuso en tête.

"C'est comme une défaite. Il faut être objectif, ça n'est pas la peine de tourner autour du pot. C'est dur, un résultat comme ça, c'est pour ça que je suis amer", a déclaré le technicien italien, très sombre. 

"Tu te dis, +comment faire pour gagner ?+. Mais toute la saison on a eu ce genre de problème, c'est comme ça depuis que je suis arrivé. Comment on les résout, je ne sais pas, j'ai du mal", a aussi avoué Gattuso. 

Cet aveu d'impuissance a surpris alors que toute la communication du club depuis le début de l'année 2024 tourne autour de la mentalité et de l'état d'esprit.

Samedi en conférence de presse, Gattuso a du coup précisé sa pensée. "Quand j'étais joueur, un but marqué me boostait. Nous, c'est le contraire. On marque, on a peur et on prend un but", a-t-il expliqué.

"Il y avait beaucoup d'amertume jeudi. Mais je veux dire que la clé pour faire jouer l'équipe, je l'ai bien clairement en tête. Mais pour la clé mentale, je n'ai pas fait d'études de psychologie. Je ne suis coach mental, je suis entraîneur de foot", a-t-il ajouté.

3-5-2 et ironie

Le résultat de jeudi a été d'autant plus dur à avaler pour Gattuso qu'il intervient au moment où le technicien italien a choisi de resserrer quelques boulons en imposant encore plus clairement ses idées tactiques et en arrêtant de ménager publiquement ses joueurs.

Avant le match, il avait ainsi écarté la possibilité d'un retour durable au 3-5-2, système qu'il n'apprécie guère mais dans lequel son équipe a obtenu des résultats encourageants cet automne.

"Ce passage à trois défenseurs, c'était mon choix, parce que j'ai vu que l'équipe avait besoin de quelque chose en plus au plan défensif. Mais je ne suis pas un entraineur qui joue la contre-attaque, ou des longues balles verticales pour jouer les deuxièmes ballons. Si c'est pour faire ça, il faut changer d'entraîneur. Je ne suis pas ce coach-là", a-t-il expliqué. 

Le choix et la conviction de Gattuso sont évidemment respectables mais ses idées ne trouvent pas suffisamment d'écho sur le terrain pour que son 4-3-3 soit incontestable. Et comble d'ironie, le deuxième but du Shakhtar a été inscrit alors que l'OM venait de repasser à trois défenseurs pour sécuriser le résultat...

Espoir et data

Malgré l'impression de découragement laissée à Hambourg, un départ de Gattuso ne semble pas à l'ordre du jour, alors qu'il ne reste que trois mois de compétition et que la saison de l'OM a déjà été suffisamment agitée.

Mais alors que les tribunes oscillent encore entre résignation et colère, les deux matches à venir, dimanche à Brest et jeudi contre le Shakhtar au Vélodrome, pourraient peser lourdement sur la fin de saison marseillaise.

Au club, on s'appuie sur des données jugées encourageantes (expected goals et expected points) pour pousser encore la thèse des "petits détails" qui ne tournent pas en faveur de l'OM et pourraient bientôt le faire.

Quant à Gattuso, sa carrière montre qu'il n'est pas homme à abandonner le navire. "Je suis né au taquet. Je suis né prématuré, à sept mois. J'étais pressé de vivre", a-t-il d'abord rappelé pour décrire son état d'esprit.

"Je suis avec mes joueurs, avec l'équipe. Mentalement on a du mal, c'est un fait, mais la croyance en cette équipe ne m'a jamais abandonné", a-t-il aussi promis.