Né dans la région de Dortmund de parents venus de Yougoslavie, l'entraîneur Edin Terzic est sur le point de rentrer dans la légende du Borussia avec un titre de champion d'Allemagne qu'il espère offrir samedi à son club de coeur.

Une photo a récemment refait surface sur les réseaux sociaux. On y voit un supporter du Borussia Dortmund, casquette noire vissée sur la tête, écharpe du BVB nouée autour du cou, survêt' gris et jaune sur les épaules, sourire aux lèvres.

Le 12 mai 2012, alors qu'il approche de la trentaine, Edin Terzic prend place dans le virage des supporters de Dortmund à l'Olympiastadion de Berlin. Son équipe de coeur, le BVB, terrasse le Bayern Munich en finale de la Coupe (5-2). "Devenez nos héros" exhortent les ultras de Dortmund sur une banderole.

Onze ans plus tard, c'est lui qui s'apprête à enfiler le costume de héros, marchant dans les pas de la légende du club de la Ruhr, Jürgen Klopp, en digne successeur du dernier entraîneur de Dortmund à célébrer un titre de champion d'Allemagne en 2012.

Samedi après-midi, dans la citadelle du Westfalenstadion, Edin Terzic mettra fin à dix ans de domination continue du Bayern sur le foot allemand si ses joueurs parviennent à battre Mayence.

Ce serait un coup de maître à 40 ans pour sa première saison complète sur le banc du Borussia. Mieux que Thomas Tuchel et les quatre autres entraîneurs qui se sont succédé au BVB depuis le départ de Klopp à l'été 2015.

Dernier représentant de la talentueuse génération de techniciens allemands incarnée par Klopp, Thomas Tuchel, ou Julian Nagelsmann, Terzic, qui possède aussi la nationalité croate, a mis fin très tôt à une carrière de joueur chez les amateurs pour bifurquer vers l'encadrement.

"Famille de travailleurs immigrés"

Avant la naissance de son frère en 1980, son père originaire de Bosnie et sa mère, originaire de Croatie, ont quitté la Yougoslavie. "Je suis l'enfant d'une famille de travailleurs immigrés", explique-t-il au mensuel 11Freunde en mai 2021.

Edin voit le jour à Menden en bordure sud-est de l'agglomération de Dortmund en 1982. Le football devient rapidement sa passion au début des années 1990, traversées par la guerre dans les Balkans qui a marqué son enfance -dans leur maison de Menden, ils accueillent régulièrement des réfugiés, et un oncle décède dans le conflit.

Son père l'emmène avec son frère voir les matches de Bundesliga dans la région de la Ruhr. Son coup de coeur pour le BVB intervient fin 1991, le 23 novembre pour être précis, confiait-il à 11Freunde. "Je me souviens de peu de choses de mon enfance, mais ça c'était hyper impressionnant", expliquait-il à propos de son premier match au Westfalenstadion contre Duisbourg.

Le fan du Borussia ne peut rêver mieux lorsque Hannes Wolf, devenu son ami depuis son passage dans un club amateur, lui propose de devenir son adjoint dans les équipes de jeunes de Dortmund.

Trois années plus tard, il est pris sous son aile par le Croate Slaven Bilic, pour deux expériences comme adjoint à l'étranger au Besiktas Istanbul et à West Ham avant de revenir au Borussia.

Lorsqu'il est appelé à la rescousse du BVB en décembre 2020 pour remplacer Lucien Favre, il redresse l'équipe, la qualifie pour la Ligue des champions et surtout remporte la Coupe en mai 2021.

Après ce premier fait d'armes, il cède la place à Marco Rose, qu'il remplace une saison plus tard, à l'été 2022. Adoré des supporters du BVB, il leur dédie une partie de son message en signant il y a tout juste un an, un contrat jusqu'à l'été 2025: "Devenons aussi affamés qu'on ne l'a jamais été. Travaillons aussi dur que jamais. Soyons aussi bruyants que jamais. Alors, je suis sûr qu'un jour nous aurons la chance de fêter comme jamais".

Une requête qui sonne désormais comme une prophétie de la saison du Borussia.