Comme toujours, les "Super Eagles" du Nigeria ont puisé dans leur incroyable vivier d'attaquants pour constituer leur liste, malgré le forfait de Victor Boniface, mais ils ont moins de choix au milieu et en défense et ne parviennent plus à régner sur l'Afrique, avant la CAN qui commence samedi.

L'image hante encore les supporters nigérians. La star Victor Osimhen et son masque en plastique sur le nez piteusement pointé vers le sol, les mains sur les hanches, après l'échec en barrage contre le Ghana (0-0/1-1). Malgré tous ses attaquants, son pays venait de rater la qualification pour la Coupe du monde au Qatar.

Le buteur de Naples, désigné meilleur joueur du continent de l'année 2023 par la Confédération africaine de football (CAF), repart de nouveau au combat entouré de talents comme Samuel Chukweze ou l'ancien Ahmed Musa. Même la blessure de dernière minute de Victor Boniface, le buteur de Leverkusen, n'entame pas le potentiel.

Jay-Jay Okocha a peut-être une explication sur la propension de son pays à former de solides joueurs offensifs au détriment d'autres postes. "Au Nigeria, tous les enfants veulent devenir buteur", estime-t-il auprès de plusieurs médias dont l'AFP. "Peut-être aussi que nous sommes conçus ainsi, que nous produisons beaucoup d'attaquants. Si vous regardez le Sénégal, ils produisent plutôt des grands défenseurs. Peut-être que cela a à voir avec nos gènes."

"Les supporters y sont peut-être pour quelque chose, poursuit l'ancien joueur du PSG, nous ne pardonnons pas à un défenseur qui marque contre son camp, mais nous pardonnons à un attaquant qui manque une occasion".

"Ne pas compter que sur les attaquants"

Résultat: le Nigeria ne parvient plus à briller. Sa dernière belle équipe remonte à 2018 et 2019, sous les ordres de Gernot Rohr, une participation à la Coupe du monde en Russie et une demi-finale de CAN avec déjà du solide devant: Victor Moses, Kelechi Iheanacho, Ahmed Musa, Odion Ighalo ou Alex Iwobi.

Auparavant, le triple vainqueur de la CAN (1980, 1994 et 2013) avait même échoué à se qualifier pour deux Coupes d'Afrique d'affilée, en 2015 et en 2017, de véritables affronts pour un pays sept fois finaliste et 15 fois demi-finaliste!

Les autres secteurs de jeu ont plombé les Aigles, qui ne sont plus les "Super Eagles" des années 1990, avec Rashidi Yekini, Okocha, Emmanuel Amunike, Victor Ikpeba... En 1994 et 1998, le Nigeria avait deux fois atteint les 8e de finale de la Coupe du monde.

"Il ne faut pas compter que sur nos buteurs, prévient Okocha, il faut avoir de l'équilibre dans l'équipe. Si les défenseurs n'arrivent pas à décrocher un +clean sheet+ (un match sans encaisser de but), nous aurons du mal à gagner des matches".

Mais le Nigeria d'aujourd'hui n'a pas trouvé les remplaçant de John Obi Mikel, Sunday Oliseh ou George Finidi au milieu de terrain et de Taribo West ou Joseph Yobo en défense.

Les malheurs du gardien Uzoho

La comparaison est encore plus rude pour le rôle de gardien de but. Vincent Enyeama reste sans héritier.

Car, outre l'image d'Osimhen les mains sur les hanches, aucun des 220 millions de supporters des Eagles n'a oublié la main trop molle du titulaire dans les cages, le malheureux Francis Uzoho, qui a coûté la qualification à la Coupe du monde lors des barrages contre le Ghana.

A croire que les Verts sont maudits, ils avaient été éliminés dès les 8e de finale de la dernière CAN par la Tunisie (1-0) sur une frappe déviée de Youssef Msakni que le gardien Maduka Okoye n'avait pu repousser.

Et dans ces choix plus limités pour les autres lignes que les avants, le Portugais José Peseiro, qui dirige sa première sélection africaine, doit en outre composer avec le forfait d'un de ses points forts du milieu, Wilfred Ndidi, blessé avec Leicester et remplacé par Alhassan Yusuf (Antwerp), qui ne compte aucune sélection.

Il reste Joe Aribo, un des meilleurs Nigérians de la précédente CAN, pour ordonner un peu le milieu de terrain.

Et même l'embarras du choix en attaque pourrait poser un problème à Peseiro, qui n'a même pas retenu Terem Moffi, pourtant un des meilleurs attaquants du Championnat de France avec Nice, à moins que le forfait de Boniface, qui a souhaité bonne chance à ses coéquipiers dans un message agrémenté d'un coeur brisé sur son compte Instagram, ne lui fasse une place. Le Nigeria aurait-il trop d'attaquants?