En l'espace d'un an sur les rives du Rhin, l'Espagnol Xabi Alonso a gagné à Leverkusen ses galons d'entraîneur avec un style de jeu qui fait l'unanimité en Allemagne, basé sur une certaine liberté accordée à ses joueurs.

Pour fêter ses 42 ans samedi, Xabi Alonso reprendrait bien encore une petite dose de victoire sur la pelouse du Weserstadion du Werder Brême (15h30).

Son équipe de Leverkusen carbure à un rythme dingue depuis la mi-août: en 17 matches officiels toutes compétitions confondues, elle a signé 16 victoires et concédé un seul match nul sur la pelouse du Bayern à la mi-septembre.

Son "Werkself", le "onze de l'usine" comme le surnom donné au club fondé en 1904 par le chimiste Bayer, a égalé le record de 31 points sur 33 possibles après 11 journées en Bundesliga, établi par Pep Guardiola sur le banc du Bayern en 2015/16.

Il repousse à deux points le Bayern de Thomas Tuchel, qui réalise pourtant avec 29 points l'un des meilleurs débuts de saison du club bavarois.

En Allemagne, le Basque impressionne, lui qui est arrivé au chevet d'une équipe avant-dernière de Bundesliga début octobre 2022, pour sa toute première expérience à la tête d'une équipe d'un grand championnat européen.

"Un peu d'intuition"

Au cours d'un entretien accordé pendant la fenêtre internationale à quelques médias dont l'AFP, il affirme ne pas avoir vraiment planifié sa carrière d'entraîneur, après avoir terminé celle de joueur au Bayern au printemps 2017.

"J'avais une idée claire, je ne voulais pas aller trop vite. Après, il s'agit d'un peu d'intuition, d'être au bon endroit au bon moment". Il précise avoir eu d'autres opportunités avant Leverkusen, mais il ne voulait pas aller "n'importe où" s'il n'était pas "convaincu".

Son père Periko, ancien international espagnol au début des années 1980 (20 sélections), fut son premier modèle d'entraîneur. Petit, Xabi le regardait préparer ses matches quand il était à la tête de la réserve de la Real Sociedad au début des années 1990.

"Nous avons une idée assez claire du football que l'on veut jouer", clame Xabi Alonso, qui rejette l'idée du tiki-taka, style de jeu basé sur la possession de balle qui a fait les heures dorées de la Roja lorsque Xabi Alonso a été champion d'Europe (2008 et 2012) et du monde (2010).

"Le tiki-taka, c'est un peu de la possession de balle défensive. Je l'ai pratiqué mais nous avons d'autres choses", glisse celui qui se dit "Basque, totalement Basque, mais avec une grande influence allemande". 

Ancelotti, "maître" de management

Il fonde son style sur "la qualité de la passe" pour assurer le "contrôle" de la rencontre. "Mais après, on a besoin d'un changement de tempo, pour passer derrière le milieu de terrain adverse".

Ensuite, c'est le talent qui doit s'exprimer, "et ces choses ne peuvent pas être beaucoup travaillées à l'entraînement, parce qu'elles sont liées aux qualités naturelles des joueurs".

Il est ainsi partisan de laisser une grande liberté à ses hommes. "Sur le terrain, j'ai été encouragé à prendre mes propres décisions. C'est quelque chose que je veux vraiment pousser et que je rappelle aux joueurs. Ce ne sont pas des robots."

"Ils ont la connaissance de ce qui peut se passer, avec leurs qualités pour décider. Et s'ils font le mauvais choix, on essaiera de faire mieux", détaille-t-il, souhaitant faire prendre conscience à ses joueurs qu'ils ont "leurs propres critères sur le terrain".

En termes de gestion humaine, son modèle reste Carlo Ancelotti, qu'il a eu comme entraîneur au Bayern lors de sa dernière saison 2016/17. "Lorsque l'on parle de convaincre des joueurs, ou comment avoir une bonne relation avec les joueurs, Carlo Ancelotti est un maître pour tout le monde".

Ses débuts d'entraîneur ne sont pas passés inaperçus, et dans les rumeurs pour succéder à Ancelotti au Real, son nom est parfois revenu. Mais Xabi Alonso affirme avoir "l'esprit à 100% ici" à Leverkusen.