Warren Zaïre-Emery a bien préparé son grand oral du bac en promenant sa tranquillité sur l'estrade des conférences de presse de l'équipe de France, jeudi, à deux jours de devenir peut-être le plus jeune Bleu depuis 1911.

"Ça ne m'inquiétait pas particulièrement, je prends ça comme un exercice pour le bac, c'est très bien", lance le gamin de 17 ans à propos de ce rendez-vous médiatique, en vue de la rencontre à Nice contre Gibraltar, en qualifications pour l'Euro-2024, pour lequel la France a déjà son ticket.

Il possède un petit pécule de points avec ses notes du bac français, qui n'est pas la matière préférée de cet élève plutôt matheux de Terminale STMG. "Ça va, je m'en suis bien sorti: 10 à l'oral et 12 à l'écrit, ou l'inverse, je ne sais plus..." sourit-il.

En foot, il a beaucoup plus d'avance et pourrait devenir  samedi à 17 ans, huit mois et 10 jours le plus jeune international français depuis Félix Vial, 17 ans, deux mois et 15 jours lorsqu'il joua contre le Luxembourg le 29 octobre 1911 (victoire 4-1).

"C'est sûr que ça va vite", s'amuse-t-il, "mais moi je ne me pose pas de question".

Pour savoir s'il joue, "il faudra voir avec le coach" Didier Deschamps, bien sûr, "mais je suis là, je suis prêt", affirme le prodige du Paris Saint-Germain, déjà 46 matches en pro avec son club.

"C'est flatteur"

Mais les forfait de titulaires comme Aurélien Tchouameni et Eduardo Camavinga, qui a quitté jeudi matin Clairefontaine pour rejoindre le Real Madrid après avoir été touché au genou, renforcent ses chances, ainsi que le modestie de l'adversaire, 198e nation au classement Fifa (la France est 2e).

Deschamps n'a rien dit, mais laissé entendre qu'il y aurait des changements entre les deux matches, avec le déplacement à Athènes contre la Grèce, mardi.

Le sélectionneur a bien demandé lundi aux journalistes de laisser un peu "tranquille" Zaïre-Emery, mais son aisance incitait à multiplier les questions à ce gamin "très fier de représenter la France".

"Médiatiquement, je pense qu'il y en a un peu beaucoup, mais c'est flatteur. Hier dans ma famille on m'a dit: +On parle beaucoup de toi, c'est presque trop+", lâche-t-il dans un sourire.

"Ma famille est toujours là pour moi, pour garder la tête sur les épaules", poursuit le gamin d'Aubervilliers, juste au nord-est de Paris.

Il était "très content" de la fête que lui ont fait ses coéquipiers dans sa chambre au PSG quand il a appris sa sélection, une scène filmée par les médias du club, "mais à la fois déçu de ne pas passer ce moment avec (sa) famille".

Devoir d'espagnol

Il s'est senti "très bien accueilli par le staff et les joueurs, auxquels il a chanté "+O Kartier c'est la hess+, de 4Keus, une musique que je connais depuis tout petit, je l'écoutais avec mes frères ou même tout seul sous la douche".

Ses coéquipiers du milieu de terrain "sont là pour me donner des petits conseils, des petits détails qui feront peut-être la différence. Merci à eux, déjà, de m'aider, et je serai là pour eux aussi", ajoute-t-il.

Le N.33 du PSG est même là pour le ministre de l'Éducation Nationale, Gabriel Attal, présent mercredi soir à Clairefontaine et qui a incité les Bleus à tourner un clip sur le harcèlement scolaire.

"J'ai pu discuter avec lui parce que je suis encore en cours, on a fait une vidéo tous ensemble contre le harcèlement à l'école et même en dehors, je pense que c'est une très bonne chose", raconte Zaïre-Emery.

Pour les cours, il essaie de s'"organiser le mieux possible", explique-t-il. Mercredi soir, il faisait ainsi un devoir d'espagnol.

Le programme scolaire, "ça me permet de garder un équilibre. Si je ne fais rien, si je joue à la console ou passe du temps dehors, je ne pense pas que ce soit mieux pour moi", estime-t-il.

Les journalistes présents dans l'auditorium de Clairefontaine l'ont jugé très bon élève et l'ont noté 18/20 à l'oral.