La carte de l'apaisement: après plusieurs mois de turbulences et la démission de son dirigeant historique Noël Le Graët, la Fédération française de football espère retrouver de la stabilité avec la confirmation à la présidence de Philippe Diallo, élu samedi jusqu'en 2024.

En présence de Le Graët, invité, l'Assemblée générale de la FFF, réunie dans un hôtel parisien, a accordé sa confiance à Diallo, ce discret homme de dossiers et de compromis propulsé à 59 ans à la tête de la fédération sportive la plus puissante de l'Hexagone.

L'ancien patron du syndicat des clubs professionnels, devenu vice-président de la "Fédé" en décembre 2021 puis président par intérim à la démission de Noël Le Graët fin février, gardera les rênes de l'instance jusqu'à la prochaine Assemblée fédérale élective, prévue en décembre 2024.

Malgré des voix dissidentes dans le milieu ayant exigé ces derniers mois la démission collective du comité exécutif de la Fédération après des mois de polémiques et un audit interne accablant diligenté par le ministère des Sports, Diallo a été confirmé très largement, avec 91,26% des voix.

"En votant massivement pour moi, vous me faites un très grand honneur. C'est aussi une grande responsabilité que je mesure car nous avons vécu un certain nombre de difficultés ces derniers mois", a réagi le nouveau président à la tribune. "Nous avons traversé des moments délicats, mais nous avons une équipe unie, solidaire et compétente. Dans les mois où ça a tangué, cette équipe a su faire fonctionner la fédération et préparer l'avenir".

Le Graët remercié

La ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra a félicité sur Twitter le dirigeant pour sa "phase d'intérim solidement gérée", lui souhaitant "beaucoup de réussite dans les importants chantiers à mener".

Les élus et dirigeants du football français (clubs, ligues et districts locaux) ont également procédé à l'élection des présidents de district Claude Delforge et Alexandre Gougnard, qui intègrent tous deux le comité exécutif de la FFF en occupant les places laissées vacantes par M. Le Graët et par le patron de la Ligue de Paris-Île de France Jamel Sandjak, démissionnaire lui aussi.

La matinée parisienne a été marquée par la présence discrète mais remarquée de Le Graët, invité en tant qu'ancien président bien que démissionnaire fin février après des mois de polémiques, dérapages, et une enquête ouverte à son encontre pour harcèlement moral et sexuel.

Le Breton de 81 ans a été salué par Diallo en ouverture de la réunion "pour tout ce qu'il (nous) a apporté ces dernières années".

"Nous tournons une page"

Après une ère de 11 années sous Le Graët, entre succès sportifs, redressement économique et épilogue dans la tempête médiatique, la Fédération espère désormais ouvrir un nouveau chapitre.

"Je ferai en sorte de conforter, renforcer ce qui a été bâti par mes prédécesseurs. Je suis prêt à poursuivre ce qui a été engagé par Noël Le Graët, et à aller au-delà", a assuré Philippe Diallo. "Nous tournons une page et je pense que la question de la légitimité de notre gouvernance est désormais close".

Déterminé à "aller de l'avant", le nouveau président a déjà dû gérer plusieurs dossiers chauds, comme la mise à l'écart de la sélectionneuse de l'équipe de France féminine Corinne Diacre, remplacée par Hervé Renard. 

Ces derniers jours, il a également dû réagir après la publication d'une enquête du magazine So Foot sur les dérives du système de l'arbitrage dans le football français. Une enquête interne a été ouverte. 

A moyen terme, il devra également mettre en musique les propositions formulées cet hiver par l'audit de l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGESR), accablant pour la "Fédé" comme pour ses dirigeants.

Il fera également face à une année difficile sur le plan budgétaire, car la "3F" a présenté samedi un budget prévisionnel déficitaire à 4,7 millions d'euros pour la saison 2023-24.