Massimiliano Allegri, alors entraîneur de la Juventus Turin, lors du match de Série A contre la Sampdoria, 26 mai 2019 à Gênes

"Bon retour à la maison, Max!" Avec Massimiliano Allegri, la Juventus rappelle à son chevet un entraîneur pragmatique, au palmarès bien garni, pour solder le pari du beau jeu tenté avec Maurizio Sarri puis Andrea Pirlo, qui n'auront chacun tenu qu'une saison.

Deux titres et une qualification in extremis pour la Ligue des champions ne suffisent pas quand on entraîne la Juventus, qui restait sur neuf titres consécutifs de championne d'Italie: Pirlo, lancé l'an dernier avec de belles intentions mais aucune expérience d'entraîneur, a été prié vendredi d'aller faire ses gammes ailleurs.

La Juve revient clairement à ses fondamentaux en faisant revenir Allegri: un technicien expérimenté et pragmatique avec qui la "Vieille dame", pendant ses cinq ans de mandat (2014-2019), a écrasé le football italien avec cinq titres de championne mais aussi quatre Coupes d'Italie et deux Supercoupes. 

"La beauté de l'histoire est qu'elle ne s'arrête jamais. Et dans le football, cela signifie un concept gravé dans notre ADN: la victoire la plus belle est toujours la prochaine", écrit la Juve dans son communiqué officialisant le retour de la "machine à gagner" Allegri.

Seule la Ligue des champions s'est refusée à lui avec deux finales perdues (2015 et 2017). Mais depuis son départ en 2019, après un échec en quarts contre l'Ajax Amsterdam, les Bianconeri ont fait pire en C1 avec deux éliminations en huitièmes de finale (contre Lyon pour Sarri, contre Porto pour Pirlo).

- Par la grande porte -

Entre cette Juve d'Andrea Agnelli rêvant de destin international et un entraîneur de 53 ans en manque de terrain, sans club depuis son départ de Turin, les retrouvailles semblent logiques. Avec un objectif commun: briller à nouveau en Ligue des champions, même si cela dépendra aussi peut-être d'éventuelles représailles de l'UEFA dans le dossier Super Ligue.

Pour Allegri, c'est un retour par la grande porte, avec des pouvoirs élargis en termes de recrutement et un contrat royal: 4 ans pour 9 millions d'euros par saison, selon la presse italienne. 

Pour Agnelli, c'est un aveu d'échec dans la stratégie adoptée en 2019 quand il avait alors choisi de tourner la page - sans heurts aucun - en congédiant cet entraîneur certes victorieux mais régulièrement critiqué pour son jeu trop frileux et pragmatique. 

"En tant que dirigeant d'entreprise, il faut savoir prendre les décisions au bon moment. L'avenir dira si ça a été le bon choix", disait alors le patron des Bianconeri qui n'a pu que constater que les passages de Sarri et Pirlo n'ont pas tenu leurs promesses.

- Pirlo referait pareil -

Pour retrouver le sommet en Italie et en Europe, la Juve met en avant la "force morale" d'Allegri mais aussi sur les "idées géniales d'un technicien capable de déjouer les cartes". 

Même si, au niveau de la philosophie, il ne faut sans doute pas s'attendre à voir l'entraîneur renoncer à sa foi dans le résultat, avant l'esthétique: "Tu dois atteindre les objectifs qu'on te fixe. A la Juve, c'est gagner. Si quelqu'un est content de sortir du terrain et de dire +on a bien joué mais on a perdu+, ça n'est pas fait pour moi", expliquait-il en 2019. 

Quelques heures avant l'officialisation de la venue d'Allegri, la Juventus avait soldé la courte expérimentation Pirlo: "Merci, Andrea. Ce sont les premiers mots que nous devons dire à la fin de cette expérience particulière vécue ensemble". 

Lequel, dans un message sur Instagram, n'a pas caché sa surprise, rappelant avoir "atteint les objectifs qui m'avaient été fixés" avec deux titres (Coupe et Supercoupe d'Italie) et la qualification en C1.  

"Quand j'ai été appelé par la Juve, je n'ai jamais pensé au risque que je prenais, même s'il était assez évident (...). Si je devais revenir en arrière, je ferais exactement le même choix", a-t-il ajouté, se disant prêt à enchaîner avec une nouvelle aventure: "Il est temps de se remettre en jeu et d'affronter de nouveaux défis".