Le triomphe contre la Suisse mardi (5-0) a rapproché Espagnoles des Jeux olympiques mais a aussi permis aux championnes du monde de communier avec leur public et de revenir au sport après l'affaire Rubiales. 

Avec ce succès, obtenu après une victoire en Suède (3-2), les Espagnoles sont en tête de leur groupe et en bonne position pour se qualifier pour la finale de Ligue des Nations. Les deux finalistes obtiendront un ticket pour les Jeux de Paris en 2024, la troisième place devenant qualificative en cas de présence de la France en finale. 

"Oui, nous sommes heureuses", a répondu la défenseuse Olga Carmona, après la victoire de la Roja à Cordoue, répondant à une question sur la sélectionneuse Montse Tomé. Celle-ci a remplacé Jorge Vilda, dont les joueuses, qui contestaient ses méthodes, ont obtenu le limogeage après le sacre mondial.  

Vilda était par ailleurs pointé du doigt pour avoir soutenu le président de la fédération (RFEF) Luis Rubiales au début du scandale planétaire déclenché par le baiser sur la bouche qu'il avait imposé à la N.10 Jenni Hermoso, lors de la cérémonie de remise des médailles à Sydney en août. 

De retour au pays, une grande partie des joueuses s'étaient mises en grève demandant, outre le départ de Rubiales et celui de Vilda, des changements profonds dans le fonctionnement de la fédération.

Le tribunal madrilène de l'Audience nationale a par ailleurs annoncé mercredi la convocation de l'ex-sélectionneur pour être entendu par un juge "en tant qu'inculpé" dans l'enquête sur le baiser forcé.

Du répit après la crise

A Cordoue mardi, les joueuses avaient retrouvé le sourire: d'abord en remportant un succès qui les rapproche de la finale de Ligue des nations, ensuite en communiant avec 14.000 spectateurs, un nouveau record à domicile pour la sélection, qui a présenté au public le trophée ramené d'Australie. 

Dans la liste convoquée pour les deux matchs contre la Suède et la Suisse, une grande partie des joueuses étaient parmi les 39 grévistes qui avaient engagé un bras de fer avec la RFEF.

Dans le cadre de l'accord de sortie de crise, obtenu grâce à l'intervention du gouvernement espagnol et du Conseil supérieur des Sports (CSD), la Fédération a finalement renoncé à toute sanction à leur encontre. 

Et les dirigeants ont promis des "changements immédiats", dont le licenciement du secrétaire général Andreu Camps, considéré comme un proche de Luis Rubiales.

"C'est terminé"

Dans ce contexte toujours tendu, les Espagnoles ont sur le terrain tenu leur statut de championnes du monde, retrouvant peu à peu le jeu collectif qui leur a permis d'être sacrées. Avant d'étriller la Suisse, Alexia Putellas et ses coéquipières ont d'abord battu la Suède au forceps vendredi (3-2). 

Sans oublier leur combat, en affichant avant les rencontres, de concert avec leurs adversaires, leur volonté de lutter contre les violences sexistes et pour l'égalité entre hommes et femmes, poing levé sur la photo officielle et arborant le slogan féministe de lutte contre les violences sexistes #SeAcabo ("C'est terminé").

Un slogan depuis repris par plusieurs autres équipes dont l'Angleterre et l'Argentine, signe qu'il s'agit d'un "combat mondial", comme l'indiquait une banderole qu'elles ont portée.

Ces deux victoires ont offert un peu de répit à Montse Tomé, qui doit encore répondre à une question: Jennifer Hermoso va-t-elle revenir en sélection fin octobre, alors que l'enquête pour agression sexuelle contre Luis Rubiales se poursuit à Madrid ? 

Le choix de ne pas la retenir avait été fait pour la protéger, a assuré la sélectionneuse. "Me protéger de quoi?", a riposté sur ses réseaux sociaux l'intéressée, qui joue à Pachuca (Mexique).