L'entraîneur malien Mohamed Magassouba lors du quart de finale de la CAN contre la Guinée équatoriale à Limbé, le 26, 2022.

Pour Mohamed Magassouba, sélectionneur malien du Mali, l'arrivée de nombreux entraîneurs "locaux" à la tête de leurs équipes nationales est le fruit de "plus d'une dizaine d'années d'efforts" qui leur ont permis d'être "aujourd'hui, suffisamment outillés" pour le poste, explique-t-il à l'AFP.

Q: Pourquoi trouve-t-on cette année plus de coaches locaux que jamais à la CAN?

R: "Je ne peux pas vous dire pourquoi, j'ai une autre philosophie du foot, pour moi, il faut donner la chance à celui qui peut faire quelque chose, peu importe sa nationalité, son origine. Moi-même j'ai oeuvré sous d'autres cieux, j'ai entraîné les grands clubs de la RD Congo, Saint-Eloi Lupopo, Daring Club Motema-Pemben, et Vita Club, et même leur sélection nationale. J'ai aimé travaillé dans d'autres pays, la question n'est pas de nommer un Malien, un ex-professionnel ou même un expatrié, il faut donner la sélection à celui qui peut apporter quelque chose."

Q: N'est-ce pas important de voir pour la première fois 16 entraîneurs "locaux" sur 24?

R: "C'est important, mais il faut reconnaître que c'est parce que l'Afrique a fait un bond en matière de formation, et c'est le DTN (Directeur technique national) du Mali qui parle (il l'est depuis 2008, NDLR)! Je suis aussi instructeur d'élite de la CAF et expert technique de la Fifa. A ces titres, je sais ce que l'Afrique a fait comme efforts dans la formation des cadres techniques. Cela fait plus d'une dizaine d'années que l'Afrique a fait des efforts, moi même je suis instructeur, je me suis promené à travers toute l'Afrique, du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest, j'ai bourlingué un peu partout en Afrique dans le cadre de cette formation. Aujourd'hui les Africains sont suffisamment outillés pour tenir les sélections nationales. C'est aussi grâce à l'expérience de certaines fédérations qui ont donné leur chance aux entraîneurs nationaux".

Q: Vous préférez que soient nommés des locaux que des expatriés?

R: "Mais il faut reconnaître l'expérience transmise par les expatriés, ils ont apporté quelque chose. Depuis des années, depuis les indépendances, les expatriés tenaient les équipes nationales, ils ont contribué à la formation des entraîneurs nationaux. Moi aussi j'ai appris en Europe, j'ai été formé à Clairefontaine et j'ai fréquenté l'INF avec le dauphin d'Aimé Jacquet à la DTN française, feu Jean-Pierre Morlans, un véritable ami, qui m'a facilité l'intégration dans ce milieu. Je veux aussi citer Michel Bénézet parmi mes formateurs, il a beaucoup contribué à façonner l'entraîneur que je suis aujourd'hui. J'ai fait des stages avec les Allemands, en Hollande à la KNVB (Fédération, NDLR), en Italie à Milan... Je ne me cache pas, il faut le dire, j'ai aussi appris en Europe, et j'ajoute toutes les formations CAF et Fifa dont j'ai bénéficié, en fait j'ai passé toute ma vie à la formation (rires). Il n'y a pas de place pour la xénophobie, je suis un technicien, que le meilleur l'emporte. Nous sommes sur le terrain de l'excellence".

Propos recueillis par Emmanuel BARRANGUET