Moses Simon, avec le Nigeria, tente de déborder le Centrafricain Saint-Cyr Ngam-Ngam lors des éliminatoires du Mondial à Surulere, le 7 octobre 2021

"Mon père voulait que je m'engage dans l'armée, comme lui", raconte Moses Simon à l'AFP; mais ce petit gabarit tonique a préféré écumer les petits clubs européens jusqu'à devenir le dynamiteur du jeu nantais et le couteau suisse de l'équipe du Nigeria. 

Après un début de saison fracassant (5 passes décisives sur les six premiers matches), l'ailier de 26 ans connaît une baisse de régime ces dernières semaines, à l'image des Canaris, mais reste très attendu vendredi face à Lens (21H00) en Ligue 1.

"Il est un peu en difficulté physiquement. Il doute un peu plus aussi. Et surtout les adversaires le connaissent mieux. Il a souvent deux joueurs sur le dos. Ça fait partie d'une situation un peu nouvelle pour lui", explique son entraîneur Antoine Kombouaré. 

Mais les situations nouvelles, Moses Simon a l'habitude. Tout au long de sa carrière, ça ne l'a jamais empêché de foncer. Lui qui a découvert le foot dans les rues avec les gamins de la caserne de son père a d'abord dû ruser pour jouer.

"Mon père adore le football mais il ne voulait pas que je joue. Il voulait que je m'engage dans l'armée, comme lui. Parce que la plupart des footballeurs de ma région n'ont pas réussi dans le foot. Et ceux qui y sont parvenus n'ont pas fait bon usage de leur argent", raconte-t-il à l'AFP.

"Il pensait que je n'y arriverais pas. Mais il ne m'avait jamais vu jouer !", ajoute-t-il. Soutenu par sa mère, il intègre cependant l'Académie GBS de Kaduna, puis est retenu au sein de l'équipe du Nigeria des moins de 20 ans.

- "Il faisait vraiment froid" -

Remarqué par des recruteurs, il s'envole à l'été 2013, à tout juste 18 ans, pour un essai à l'Ajax Amsterdam. Mais ça coince "entre l'agent et le club" et le jeune Moses rentre au Nigeria. Quelques mois plus tard, en compagnie de Kingsley Madu, un autre jeune Nigérian, il repart pour Trencin (1ère div. slovaque).

A 18 ans, tous deux découvrent l'hiver. "Il faisait vraiment froid, mais on n'avait pas le choix, on a dû tenir ensemble et s'encourager". En un an en Slovaquie, il enchaîne 17 buts et 10 passes décisives en 38 matches. Dès janvier 2015, le voilà à La Gantoise (1ère div. belge), où ses statistiques sont plus fluctuantes.

Mais ses sprints ravageurs lui valent d'intégrer l'équipe nationale dès le printemps 2015, à 19 ans, et de s'y installer durablement, même si une blessure à la cuisse au printemps 2018 l'a privé du Mondial.

"J'aime beaucoup ce joueur, il a un mental à toute épreuve", explique à l'AFP Gernot Rohr, sélectionneur du Nigeria depuis 2016. "Il est petit (1m68) mais il a un grand coeur (...) Il est très doué techniquement, physiquement avec sa vitesse, malgré son gabarit, regardez sa souplesse quand il célèbre un but..." (en faisant parfois un salto, ndlr).

Côté club, on compte un passage raté à Levante (1ère div. espagnole), puis une première saison tout feu tout flamme à Nantes (9 buts, 8 passes décisives) avant un nouveau passage à vide l'an passé, avec des soucis physiques et une équipe en crise.

- "Beaucoup de cordes à son arc" -

Jusqu'à l'arrivée d'Antoine Kombouaré, qui voit en lui une "fusée" et qui "a apporté une bonne mentalité à l'équipe. Il parle de travail et de discipline, et je pense qu'il a beaucoup aidé", dit le joueur.

Sous contrat jusqu'en 2024, Moses Simon est l'un des atouts que Nantes pourrait vendre l'été prochain pour se renflouer. Lui rêve de jouer un jour en Angleterre et, en attendant, se détend en promenant son chien husky. 

Il rêve aussi de titre à la CAN avec le Nigeria. Remplaçant quand l'équipe a terminé 3e en 2019, l'ailier est désormais un titulaire régulier, mais rarement au même poste.

"Avec moi, il peut jouer arrière droit, et il le fait! Il a beaucoup de cordes à son arc", explique Rohr. 

"Je suis prêt à tous les sacrifices (...) Si un entraîneur me dit qu'il veut que je joue gardien parce qu'il croit en moi, je me mettrai dans les cages", assure Simon.