L'attaquant suisse Breel Embolo participe à une séance d'entraînement au centre sportif Tre Fontane à Rome, le 22 juin 2021, pendant le Championnat d'Europe de football 2020.

Attaquant surpuissant et décomplexé, Breel Embolo incarne la nouvelle génération d'internationaux suisses qui rêve de battre la France, lundi à Bucarest, pour atteindre pour la première fois les quarts de finale d'un Euro.

"J'ai rarement vu un joueur prendre le dessus physiquement comme lui", s'enthousiasme l'ex-international helvétique Stéphane Henchoz (72 sélections) auprès de l'AFP.

"Embolo est très costaud, il joue essentiellement sur des qualités athlétiques hors du commun, c'est une bête physique, fort dans les duels", ajoute l'ex-défenseur de Liverpool.

Premier défenseur de l'équipe, le joueur d'origine camerounaise est "au pressing quasiment tout le temps", poursuit l'ancien défenseur central, "il récupère les ballons, c'est un joueur intéressant sur cet aspect".

Autre ancien international, Stéphane Chapuisat (103 sél., 21 buts) aussi est frappé en premier par "la puissance" de l'attaquant de Mönchengladbach qui lui permet de "casser les lignes", dit-il à l'AFP.

Embolo "travaille beaucoup pour l'équipe, il participe au premier pressing, mais ce n'est pas le finisseur" de l'équipe, poursuit le champion d'Europe 1997 avec Dortmund.

- "Point d'ancrage" -

Chapuisat le voit comme "plutôt le deuxième attaquant, pas un chasseur de buts": "Il vient de derrière, assure une bonne transition, il est bon dans les duels et bon quand il peut venir de derrière".

Stéphane Henchoz le décrit comme "un point d'ancrage plus haut sur le terrain. On peut le trouver dos au but, il garde le ballon, prend la profondeur, a de la vitesse".

Seul bémol, l'ancien du FC Bâle souffre "d'un petit manque de qualité technique".

"Il pêche souvent à la conclusion, dans le dernier geste", ajoute Chapuisat. "Il ne marque peut-être pas assez de buts d'attaquant".

Son but contre le pays de Galles (1-1) pour l'entrée de la "Nati" dans l'Euro, n'est que son 6e en 46 sélections. C'était une tête sur un corner de Xherdan Shaqiri, un schéma à surveiller pour les Bleus.

Cette saison, il a marqué seulement 6 buts et réussi 3 passes décisives avec les "Fohlen" (Poulains) de Gladbach.

Mais Embolo apporte beaucoup aussi dans le vie du groupe, et, à 24 ans, il incarne cette nouvelle génération de joueurs suisse décomplexée. Avant le tournoi en Russie il parlait de "gagner la Coupe du monde". La "Nati" avait commencé par un nul historique contre le Brésil (1-1) avant d'échouer en 8e, son plafond de verre, contre la Suède (1-0).

- "Peur de rien" -

Avec d'autres jeunes comme Manuel Akanji ou Nico Elvedi, "nous avons le point commun de n'avoir peur de rien, surtout pas de faire des erreurs. On ne joue pas au foot pour se cacher. On veut essayer des trucs", disait Embolo au journal Le Temps en 2018.

Populaire auprès des supporters de la "Nati", il se décrit comme "quelqu'un de calme, mais en même temps j'amène mon côté blagueur et ma joie de vivre".

Il avance aussi fort d'une énorme confiance en lui, après avoir débuté en pro à 16 ans à Bâle et en équipe nationale à 18 ans.

Il a gravi les marches quatre à quatre, tout en puissance, jusqu'à être élu meilleur joueur de Super League (et joueur préféré du public) 2016, à seulement 19 ans.

Puis il a progressé à Schalke 04 (2016-2019) et à Mönchengladbach (depuis 2019).

Une irrésistible ascension pour un enfant né à Yaoundé, qui a quitté à 7 ans son père au Cameroun pour aller vivre en Suisse avec sa mère et son frère, en 2003.

Ce parcours lui a donné cette assurance verbale qui tranche avec les habitudes plus modestes de la "Nati". Comme il parle de gagner la Coupe du monde, il peut évoquer le Ballon d'Or dans la conversation, sur le mode: "Et pourquoi pas?"

"La question est de savoir si au fond de lui il a une énorme confiance ou s'il fait croire aux gens par des déclarations comme celle-là qu'il l'a. C'est possible qu'il l'ait", commente Stéphane Henchoz.

"C'est bien dans une certaine mesure d'avoir conscience de ses forces et faiblesses", conclut l'ancien international, "mais il ne faut pas exagérer, la France ne va pas affronter un futur Ballon d'Or".