Arrivé sur le tard dans le monde professionnel, le milieu défensif Pierre Lees-Melou étincelle au coeur d'un Brest parti à l'assaut des places européennes et qui ira sans complexe défier le Paris SG, dimanche, pour la 19e journée de Ligue 1.

Au four et au moulin dans l'entre-jeu des Ty Zef, Lees-Melou s'épanouit sur le tard -- il aura 31 ans en mai -- dans un rôle plus reculé, lui qui avait été formé comme milieu offensif.

"Sincèrement, je pense qu’il a raté une grande carrière à ce poste, car il est malheureusement déjà bien avancé en âge", avait assuré, fin octobre, son entraîneur Eric Roy, dans Le Télégramme.

Lui-même ancien joueur offensif ayant reculé en défense centrale avant de se stabiliser au poste de sentinelle, Roy est bien placé pour évoquer la mutation du poste qu'incarne à la perfection son joueur.

A son époque, le milieu défensif axial était "un chien de garde et quand tu récupérais le ballon, tu le donnais directement… à ton 10. Comme ce dernier a disparu, les options tactiques ont évolué (... et) on a reculé le maître à jouer", avait-il détaillé.

S'il admet que l'éclatante réussite de Lees-Melou à ce poste a été "une surprise", le joueur, lui, s'éclate.

"Ah moi, j’adore ! Si on demande où je veux jouer et que je peux choisir mon poste, maintenant je dis +6+", avait-il clamé.

Euphorie et drame personnel

Outre leur reconversion sur le terrain, les deux hommes partagent d'autres choses: le fait d'avoir joué à Nice, où Lees-Melou a disputé connu les soirées européennes, comme Roy à Lyon puis Marseille, et une expérience frustrante en Angleterre, à Sunderland pour le coach, à Norwich pour "PLM".

La saison 2021/2022 passée intégralement entre la 19e et la 20e place de Premier League avec les Canaries, à prendre des 7-0 contre Chelsea, des 5-0 contre Manchester City, Arsenal ou Tottenham, a endurci le joueur.

"Je suis revenu beaucoup plus agressif. Je me faisais rentrer dedans, et ça ne sifflait pas. Je n’étais pas un mec qui jouait sans le ballon avant, ça m’a fait du bien", a-t-il reconnu en fin d'année dernière.

Passé par l'euphorie d'une montée en L1 avec Dijon, en 2016, mais aussi la perte d'un enfant, une fille atteinte d'une malformation cardiaque, décédée quelques jours après sa naissance, en octobre 2022, Lees-Melou n'a jamais banalisé le privilège d'être footballeur professionnel, lui qui n'avait pas été conservé par Bordeaux, à 17 ans, jugé trop frêle.

Reparti jouer à petit niveau, tout en ayant un poste d'"animateur périscolaire", il doit à Nicolas Sahnoun, un ancien de la maison girondine et son entraîneur à Langon, l'essai effectué à Dijon qui l'a fait basculer dans une autre dimension, en 2015.

"Une fraîcheur que d'autres n'ont pas"

"Avoir mon parcours donne une fraîcheur que d’autres n’ont pas. Ce n’est pas contre eux, parce qu’ils ont toujours été programmés pour faire carrière, mais le fait est qu’ils n’ont jamais connu la vraie vie entre guillemets, comme avoir à se lever tôt et respecter des horaires de boulot", avait raconté Lees-Melou en mai dernier au Télégramme. 

En le faisant revenir en France au terme de son année au purgatoire en Angleterre, pour un peu plus de 2 millions d'euros, Brest a réalisé un très joli coup et même les 10 millions d'euros mis sur la table par Rennes, cet hiver, n'a pas convaincu le club de se séparer du joueur qui venait de prolonger jusqu'en 2027.

Une attention qui n'a pas fait tourner la tête du joueur, pas plus que la perspective d'aller défier le PSG en position de 3e au classement qui enverrait Brest en C1.

"En vrai non, je m’en fous. Je suis là, je joue. (Kylian) Mbappé, je ne vais pas lui regarder les pompes en ayant les yeux qui brillent", avait-il lâché avant le match aller, où les Parisiens ne s'en étaient justement sortis (3-2) que grâce à un penalty de Mbappé dans les derniers instants.