Une "trêve", vraiment ? Après l'enchaînement vertigineux de la fin d'année, la Premier League est censée s'accorder une pause en janvier, mais celle-ci est rognée par la 21e journée, la Coupe de la Ligue et les "replays" de Coupe d'Angleterre.

Au royaume du football, la coupure hivernale intervient plus tardivement que dans les autres championnats majeurs d'Europe, une fois passés le "Boxing Day" (matches disputés le 26 décembre) et ses répliques jusqu'au jour de l'An.

Et à la différence de l'Allemagne, la France ou l'Espagne, la trêve n'est pas totale: en plus des demi-finales aller de la Coupe de la Ligue, les organisateurs ont programmé la 21e journée de championnat à cheval sur deux week-ends, du 12 au 14, puis du 20 au 22 janvier.

Entre les deux, sept des vingt clubs de Premier League sont en outre contraints de disputer un "replay" (match à rejouer en cas d'égalité) en Coupe d'Angleterre, un nombre record pour la première division sur la décennie écoulée.

"Nous n'aurons pas de pause parce que désormais, la priorité c'est le replay", n'a pu que constater Nuno Espirito Santo, nouvel entraîneur du mal classé Nottingham Forest, accroché 2-2 par Blackpool, une équipe de troisième division.

Tradition et gros sous

Le Portugais avait prévu d'emmener son équipe à St George's Park, le centre d'entraînement des sélections anglaises, durant la trêve pour travailler et mieux connaître ses joueurs. Le match à rejouer, le 17 janvier, l'oblige à revoir ses plans.

C'est aussi le cas de Brentford, privé de deux semaines et demie de coupure pour préparer le "replay" contre Wolverhampton, après avoir laissé filer la victoire malgré un but d'avance et une supériorité numérique durant quasiment toute la partie (1-1).

"C'est le pire des résultats, à tous points de vue", a pesté l'entraîneur Thomas Frank, particulièrement virulent à l'encontre des traditionnels "replays". "Pourquoi personne dans le monde du football ne change-t-il ça ? Ils doivent prendre des décisions plus intelligentes", a-t-il dit en ciblant la fédération anglaise.

Le débat réapparaît à intervalles réguliers en Angleterre face à l'encombrement du calendrier et le risque que cela fait peser sur la santé des joueurs.

La spécificité de la "FA Cup" conserve cependant de fervents partisans, et pas seulement parmi les diffuseurs télévisés qui ont tout à gagner du statu quo.

"Je pense qu'on doit conserver les replays en Coupe d'Angleterre, conserver la tradition de la Coupe", a défendu l'ancien attaquant d'Arsenal, Kevin Campbell. "La FA Cup ne concerne pas uniquement les grandes équipes, mais aussi les petites. C'est vraiment important pour les petites équipes d'avoir un revenu supplémentaire", a-t-il dit sur la BBC.

"Lucratif" pour Boston

C'est précisément le discours qu'a tenu Neil Hart, le président de Bolton Wanderers, à l'antenne de la radio publique avant que son équipe de troisième division ne parvienne à accrocher Luton (0-0) sur le terrain du club promu cette année en Premier League.

"Nous serions ravis de faire match nul ici et de faire venir Luton dans le nord", a-t-il lancé. Car accueillir une telle rencontre, "c'est lucratif pour nous", assurément "un revenu à six chiffres". 

Pour un club de l'élite, engagé dans plusieurs compétitions, "je comprends le débat sur le calendrier", a-t-il ajouté. Mais pour une équipe comme Luton, "il n'y a rien de mal à programmer un match à rejouer. Cela ajoute aussi à la magie de la Coupe".

Liverpool est lui tout heureux d'avoir échappé à un encombrant "replay" en passant deux buts tardivement à Arsenal (2-0). Ne pas rejouer, c'est "le plus grand des bonus", a apprécié l'entraîneur Jürgen Klopp. "Arsenal voulait obtenir le match nul (à la fin), mais c'est le résultat que nous voulions à tout prix éviter".

En tête du championnat, encore en lice en Coupe de la Ligue et en Ligue Europa, les Reds ont dix jours de repos avant leur prochain match, le 21 janvier à Bournemouth.