Arrivé sur la pointe des pieds à Lorient après ses déboires judiciaires en Angleterre, vilipendé par certains supporters dénonçant son "impunité", Benjamin Mendy, qui tente de renouer le fil de sa carrière, pourrait être titulaire dimanche contre Marseille, le club où il a explosé.

Face à la pénurie de joueurs excentrés, il est presque assuré de fouler la pelouse du Moustoir, a indiqué l'entraîneur Régis le Bris, qui le juge même apte à débuter. Pour l'heure, l'ex-international n'a disputé que cinq bouts de matches cette saison, pour un total de 130 minutes de jeu.

"Ce n'était déjà pas très loin d'être le cas le week-end dernier à Toulouse (il était entré à la 66e, NDLR)", a souligné le coach. 

"On prend le temps de bien discuter avec lui. Il a fait une grosse semaine d'entraînement, il a été très bien dans son engagement, on est un peu plus serein encore pour ce week-end", a poursuivi Le Bris.

Une première titularisation dimanche soir (20h45) contre l'OM, où il a joué 101 matches en trois ans, serait un symbole pour celui qui a disputé ses premières minutes cette saison avec les Merlus, mi-septembre, contre Monaco, dont il avait porté le maillot une saison avant de s'envoler pour la Premier League et Manchester City.

Une carrière entre parenthèses

Ce serait aussi un pas de plus vers une "normalisation" de sa présence en Ligue 1, sujet sensible compte tenu de la gravité des faits dont il a eu à répondre devant les tribunaux anglais.

Défenseur le plus cher de l'histoire lors de son recrutement par les Citizens en 2017, champion du monde avec les Bleus en 2018, Mendy a été accusé de plusieurs viols et agressions sexuelles en août 2021, début d'une parenthèse de plus de deux ans dans sa carrière et d'un long et pénible intermède judiciaire.

S'il a toujours nié les faits et finalement obtenu de la justice britannique un acquittement complet en deux temps, en janvier puis juin dernier, les audiences ont levé le voile sur un mode de vie semblant très éloigné des exigences attendues d'un sportif de haut niveau.

L'hygiène de vie n'a jamais été le fort du défenseur. L'Espagnol Michel, qui l'entraînait à l'OM en 2015, l'avait ainsi accusé de se comporter "comme un enfant". "S'il savait tous les dégâts qu'il cause à l'équipe et plus encore à lui-même, cela me fait de la peine pour lui", avait dit l'entraîneur espagnol le technicien à propos de Mendy, qui n'avait alors que 21 ans.

Impunité ou seconde chance ?

Le club lorientais continue à maintenir le joueur à l'écart de toute expression médiatique, mais la gêne, pour ne pas dire la colère, qui a suivi l'annonce de son recrutement, n'est pas retombée.

Plusieurs campagnes de collages le visant ou dénonçant les violences sexistes dans le foot, dont la dernière dans la nuit de jeudi à vendredi, ont été menées sur les murs aux abords du stade du Moustoir.

Avec des slogans comme "Mendy hors-jeu !", "Du foot, pas du viol", le collectif de supporters à l'origine de ces actions a estimé dans un communiqué transmis à Ouest-France que le FCL n’avait "toujours pas pris ses responsabilités quant au recrutement de Benjamin Mendy", dénonçant "l'impunité" dont profiterait le joueur, selon lui.

Le club, et une bonne part des travées du Moustoir, semblent cependant prêts à accorder une deuxième chance au joueur.

"Au sein du groupe, c’est lui qui met la bonne humeur (...)  Il parle beaucoup aux jeunes. Il montre l'exemple", avait assuré son coéquipier de la défense, Isaak Touré, après le match contre Monaco.

L'entraîneur des Merlus, lui, ne veut parler que de jeu. "Benjamin a cette qualité d'être +long de ligne+, il a cette qualité de centre pour apporter une dangerosité sans nécessairement éliminer, et ayant la capacité à courir dans les espaces", a-t-il souligné en conférence de presse.