"Il est passé en quatre mois de remplaçant de luxe à l'un des gardiens les plus considérés au niveau international": Francesco Farioli, l'entraîneur de Nice, résume ainsi l'évolution de Marcin Bulka, qui tentera, contre Toulouse, de garder une fois encore, sa cage vierge.

À l'orée de son 13e match de L1, Nice, dauphin invaincu du Paris SG, accumule les performances défensives. Marcin Bulka, 24 ans, peut s'enorgueillir de neuf matches sans but encaissé. Le dernier des quatre buts encaissés remonte au 15 septembre. C'était Kylian Mbappé, au Parc des Princes (3-2, 87e).

"J'espère que les adversaires ne me remémoreront pas cette sensation, sourit-il. Mais je ne pense pas à ça. Je ne laisse pas entrer la pression. Je suis concentré sur mon travail, le jeu. Toulouse, ce sera juste l'occasion de réaliser un autre +clean sheet+."

Malgré un secteur défensif amoindri à la suite des défections de Todibo, blessé, Ndayishimiye et Boudaoui, suspendus, Nice devra "montrer une grand unité et sa mentalité d'équipe forte", insiste-t-il.

"Patience parfois perdue"

Le Polonais d'1,96 m, international depuis mardi dernier, prend progressivement une importance majeure. "La patience a eu un rôle très important dans ma carrière, relève-t-il. J'avoue l'avoir perdue parfois. Mais aujourd'hui, je suis là où je voulais être."

Formé à Chelsea sans percer, débarqué libre au Paris SG, Bulka a longtemps été ballotté: un prêt à Carthagène en D2 espagnole sans trop jouer, un autre à Châteauroux en L2. Jusqu'à celui à Nice à l'été 2021, pour devenir doublure de Walter Benitez. Vu ses premiers exploits, notamment en Coupe au Parc en février 2022, le club a rapidement levé l'option d'achat de 2 millions d'euros, pour le faire signer jusqu'en juin 2026.

Il aurait dû succéder à Benitez. Mais Dave Brailsford, directeur du sports d'Ineos, actionnaire majoritaire du club, a imposé Kasper Schmeichel, international danois de 36 ans. Alors entraîneur, Lucien Favre, qui préférait Bulka, s'est incliné.

Bulka, lui, a redoublé de travail, montrant ses qualités en C4. Jusqu'à sa luxation d'une épaule le 27 octobre 2022, contre Belgrade (2-1). L'opération qui s'ensuivit l'a éliminé pour la saison.

"Cette blessure est très douloureuse pour un gardien, assure Bulka. Mais j'ai récupéré musculairement, retrouvé amplitude et mobilité. Ma condition physique est bonne. Et mentalement, je suis revenu plus fort. Rien ne me fait peur. Je me sens bien dans toutes les phases de jeu. J'ai confiance."

"Rendre ce qu'on m'a donné"

Il doit cette confiance à la décision de la nouvelle direction sportive niçoise, Florent Ghisolfi et Francesco Farioli. "D'un côté, il y avait le talent de Marcin, de l'autre l'expérience de Kasper Schmeichel, explique ce dernier. Il y avait une balance à faire entre gains et pertes potentiels. Un tel choix n'est jamais anodin".

Avant le premier match contre Lille, le choix s'est porté sur Bulka. "Durant six semaines, on a pris chaque seconde pour peser le pour et le contre, souligne Farioli. On a choisi l'enthousiasme, la volonté d'apprendre, le potentiel de Marcin. On pensait qu'il pourrait apporter beaucoup et contribuer à l'évolution de l'équipe. C'est ce qu'il est en train de faire. J'espère qu'il va continuer."

Pour Bulka, le déclic s'est fait à la suite d'un arrêt réflexe de la main droite devant Cabella (41e). "C'était mon premier match, j'ai longtemps gardé cet arrêt en tête", dit-il. Le public l'a adoubé. Il s'est libéré. Schmeichel est parti.

"On a beaucoup parlé ensuite, poursuit Farioli. Il était important de faire un suivi. Il est passé en quatre mois de remplaçant de luxe à l'un des gardiens les plus considérés au niveau international. Désormais, il doit maintenir son exigence pour rester au très haut niveau. Ce n'est que le début. Mais il le sait, car il est travailleur, avec la tête sur les épaules."

D'ailleurs celui qui, depuis, a enchaîné les parades décisives, comme ces deux penalties stoppés à Monaco, conclut: "Nice m'a donné ma chance, je veux rendre tout ce qu'on m'a donné".