Discret, l'ailier japonais Junya Ito attire la lumière grâce à ses belles performances sur les pelouses de Ligue 1, suscitant bien malgré lui l'engouement des supporters nippons et du public de Reims, qui accueille le Paris Saint-Germain samedi (17h00).

Pour cette affiche de la douzième journée entre les Rémois, surprenant quatrièmes (vingt points) et le PSG, deuxième (24 points), le stade Auguste-Delaune affichera complet: plus de 20.000 spectateurs sont attendus. On comptera également 75 journalistes et parmi eux... six Japonais, dont la présence n'est pas uniquement liée au champion de France.

Depuis la saison dernière, trois correspondants nippons suivent chaque match du club champenois, à domicile comme à l'extérieur. La raison tient en un nom: Junya Ito, arrivé en juillet 2022 en provenance de Genk (D1 belge).

"Il y a une vraie +Itomania+, ç'a été visible avant même qu'il commence à jouer, explique Jérémy Puzos, responsable de la communication du Stade de Reims. On a d'abord constaté un engouement assez rapide sur nos réseaux sociaux, dès sa signature. Quand on a publié la vidéo d'annonce, il y a eu un petit buzz, avec 150.000 vues en quelques heures. Le lendemain, cela a atteint 600.000 vues et il y avait beaucoup de commentaires en japonais. Le temps du décalage horaire, on a été submergé de réactions venues du Japon."

"Je ne parle pas"

La saison passée, ce n'est pas le maillot du meilleur buteur du club, Folarin Balogun (21 buts), qui a été le plus vendu, mais bien celui floqué du nom d'Ito. Notamment en ligne, grâce à des acheteurs étrangers. Outre les journalistes et les supporters rémois, l'international japonais (49 matches, treize buts) est très populaire dans son pays natal.

"C'est l'une des stars de sa sélection, estime Puzos. Il est très taiseux et renfermé, mais Ito est le chouchou du public féminin. Une supportrice est venue trois journées entières de suite au centre d'entraînement, à Reims, rien que pour lui. J'ai aussi déjà vu des Japonaises pleurer de joie en le voyant."

Pourtant, le joueur de 30 ans fait peu pour entretenir cette popularité. Lors de ses rares apparitions en conférence de presse, en présence d'un traducteur (il ne parle pas français et apprend l'anglais), ses réponses sont lapidaires.

"J'essaye d'être un leader sur le terrain et de pousser les joueurs pendant les matches, mais dans le vestiaire, je ne parle pas, assure l'ailier de 1,76 m. Même en sélection, je ne parle pas beaucoup. Je suis comme ça depuis toujours."

"Avoir Ito, c'est un cadeau"

Depuis cet été, Ito peut compter sur la présence de son compatriote, le jeune Keito Nakamura (23 ans), arrivé en provenance du club de Linz (D1 autrichienne). Plus expansif, l'ailier, actuellement blessé à une cheville, a permis à son aîné de s'ouvrir un peu. "Keito parle beaucoup. Grâce à lui, je parle plus que l'année dernière", ajoute Ito dans un rare sourire.

Son entraîneur, Will Still, confirme: "Ito, c'est Ito, il est dans son monde, fidèle à lui-même, s'amuse-t-il. Mais on lui permet d'être lui-même. Ce n'est pas le plus grand fan des entraînements et le jour de la reprise, il doit courir moins que les gardiens ! Mais au fur et à mesure de la semaine, il prépare son match à sa façon qui est différente de tous les autres."

C'est effectivement sur le terrain que l'attaquant japonais, qui a atteint les huitièmes de finale du Mondial-2022 avec les Samouraïs Bleus, s'exprime le mieux. Titulaire indiscutable de Reims, Ito a donné, en onze rencontres, deux passes décisives et inscrit autant de buts, offrant la victoire à son équipe face à Nantes (1-0) dimanche dernier.

"Ito est une machine de guerre. Il est dangereux tout le temps, percutant et décisif, loue son entraîneur belge. Il a su rajouter à son jeu un côté défensif, car il ne dit jamais non à un sprint de 60 mètres vers l'arrière. Avoir Ito dans son équipe, c'est un cadeau."