Ils visent l'Europe mais ils n'avancent plus beaucoup: dimanche à Louis II, Monaco, quatrième de Ligue 1 (64 points), reçoit Lille, cinquième (59 points), pour un duel dont le perdant risque d'abandonner ses illusions européennes en fin de saison.

Dynamiques sinusoïdales

La semaine qui a précédé la victoire à Angers (2-1) a été intense en Principauté, entre réunions de crise, discours musclés et sanction envers le capitaine Wissam Ben Yedder, privé de déplacement en Anjou après avoir raté une causerie.

Les hommes de Philippe Clement se sont repris après deux revers monumentaux (3-0 à Lens, 4-0 contre Montpellier) mais Monaco reste loin de sa dynamique finale de la saison dernière (neuf victoires, un nul). 

L'ASM n'a ainsi pris que sept points lors des cinq derniers matchs, un bilan inquiétant alors que se dressent désormais ses trois concurrents directs pour la Ligue Europa, Lille, Lyon et Rennes, lors des trois prochaines journées. 

"Il ne nous reste que des finales", explique Clement. "Il y a beaucoup d'envie. Ce match contre Lille est très important, mais il l'est encore plus pour Lille".

Car les Nordistes, qui ces dernières semaines, ont oscillé entre l'espoir de revenir sur Monaco et la crainte de se faire rattraper par Lyon et Rennes, qui ne sont que trois longueurs derrière, ont également laissé échapper huit points en cinq matches (défaites à Angers et Reims, nul à Auxerre). 

"Je me méfie de Lyon et Rennes", reconnaît le défenseur lillois Bafodé Diakité. "Lyon revient doucement, mais fort". Face à cette mauvaise passe, l'entraîneur des Dogues Paulo Fonseca a appelé ses joueurs à "comprendre l'importance capitale" de ce déplacement.

Situations internes complexes

Monaco est en fin de cycle, comme l'indique le départ annoncé du directeur sportif anglais Paul Mitchell qui devrait être remplacé par un de ses proches, le Brésilien Thiago Scuro, actuel directeur exécutif du Red Bull Bragantino.

Malgré la volonté de Clement et Mitchell de pousser le groupe à l'excellence, cette information a pesé sur la dynamique collective et beaucoup de joueurs importants pensent à un transfert. Clement a donc déboulonné certains statuts et fait évoluer son système devant l'incurie défensive de son équipe (13e défense de L1, 51 buts encaissés).

"C'était important de changer des choses", concède-t-il. "Il y a eu une réaction et il y a désormais une bataille entre joueurs pour ces quatre derniers matches". Si le groupe vit bien cette reprise en main, les tauliers Ben Yedder et Maripan seront encore absents (suspendus) contre Lille, où les résultats mitigés n'ont pas fait naître de tensions. "On est dans une période où ça ne se passe pas bien, on se serre les coudes pour revenir", assure Diakité. 

En revanche, les relations sont plus conflictuelles entre Fonseca et son président, Olivier Létang. Depuis janvier, l'entraîneur a régulièrement regretté l'absence de recrutement hivernal à certains postes clés. "Je ne suis pas content du mercato", a-t-il encore dit en avril, après une série de blessures qui l'ont notamment obligé à aligner l'ailier Timothy Weah au poste de latéral gauche.

. Et si l'Europe s'échappait ? 

L'avenir de Fonseca, sous contrat jusqu'en 2024, pourrait donc dépendre autant de ses relations avec Létang que du classement final. Mais le Portugais a estimé vendredi que ce serait "différent la prochaine saison si nous jouons l'Europe".

"Nous avons besoin de meilleurs joueurs, de plus de joueurs, de plus d'options", a-t-il énuméré. Si Rémy Cabella a récemment prolongé jusqu'en 2025, Lille devra probablement faire sans André Gomes, gros salaire prêté par Everton.

Pour son homologue monégasque, une saison sans Europe est impensable. Selon Clement, cela n'a même jamais fait l'objet de discussions avec son président milliardaire Dmitry Rybolovlev. 

"Nous sommes très ambitieux, je suis un gagnant, on pense jouer l'Europe la saison prochaine", assure le technicien belge qui aurait de toute façon du mal à résister à une éventuelle non-qualification.

D'autre part, Monaco, qui ne disputera vraisemblablement pas la C1, devra équilibrer son budget par des départs. Axel Disasi, très courtisé, a été valorisé à près de 40 millions d'euros. Youssouf Fofana, Caio Henrique, voire Wissam Ben Yedder pourraient également partir.