Nommé pour la première fois joueur du mois en février par les supporters de Manchester City, Jack Grealish s'impose enfin dans un club toujours en quête d'une première Ligue des champions avant de recevoir Leipzig en huitième de finale retour, mardi (21h00).

Son étiquette de plus gros transfert de l'histoire pour un joueur anglais -- 100 millions de livres (113 M EUR) pour passer d'Aston Villa à Manchester City, en 2021 -- lui a d'abord pesé la saison passée, mais ses prestations depuis son retour du Mondial au Qatar ont considérablement allégé ce boulet.

Après avoir aussi signé, la semaine dernière, le plus gros contrat pour un joueur anglais avec un équipementier, sa stature sur le terrain semble enfin s'aligner sur son immense popularité en dehors.

Les 11 M EUR par an que lui versera Puma jusqu'en 2028 le placent juste derrière Neymar, Lionel Messi, Kylian Mbappé et Cristiano Ronaldo, six mois après être devenu le premier footballeur "ambassadeur officiel" de la marque de luxe Gucci, pour un contrat à sept chiffres.

"Grealish a un look iconique. Tout chez lui, de sa coupe de cheveux à ses mollets (très musclés), est immédiatement reconnaissable", avait expliqué dans The Athletic Ged Colleypriest, fondateur d'Underdog Sports Marketing, agence spécialisée dans les partenariats commerciaux sportifs.

Décisif dans les gros matches

Son accent et son sens de la répartie, typiques des "Brummies", les habitants de Birmingham, sa ville d'origine, font merveille, tout comme sa très grande disponibilité avec les supporters.

La célébration de son but contre l'Iran (6-2), au Mondial, dédiée à Finlay, un fan de 11 ans, atteint d'infirmité motrice cérébrale, comme la petite soeur du joueur, Hollie, avait achevé de conquérir les coeurs bien au-delà du monde du ballon rond.

Mais Grealish ne veut pas être "just a pretty face" (juste un joli minois), comme le dit l'expression anglaise et ces dernières semaines, il s'est souvent montré décisif dans les gros matches au point de se rendre indispensable pour City.

Contre Leipzig, à l'aller, c'est lui qui avait provoqué l'ouverture du score en récupérant le ballon sur un pressing, avant de lancer Ilkay Gündogan qui avait servi Riyad Mahrez (26e).

Contre Arsenal, le principal rival de City en championnat, il avait été passeur décisif dans la victoire en Coupe d'Angleterre (1-0) et buteur pour redonner l'avantage aux siens en championnat à l'Emirates, lors d'une mémorable victoire (3-1).

L'ailier a démarré les neuf dernières rencontres de Premier League et il y a quasiment un Manchester City avec et un Manchester City sans lui en Premier League, puisque le taux de victoires des Citizens passe de 81% à 33% selon qu'il mette les pieds sur le terrain ou pas.

"Produire pour les autres"

Avec neuf actions décisives (six passes et trois buts) en 33 matches, il est pourtant sensiblement sur les mêmes bases que ses six buts, quatre passes en 39 matches de l'an dernier.

Mais pour Grealish, l'essentiel est (presque) invisible pour les yeux.

"Je veux qu'il marque des buts et je veux des passes décisives, et lui aussi les veut. Mais ce n'est pas ce qui compte. Ce qui compte, c'est sa contribution sans ballon et ce qu'il peut produire pour les autres", avait insisté Pep Guardiola en septembre.

Pour un entraîneur aussi obsédé par le contrôle du jeu que le Catalan, imposer le bon tempo au match est vital et ses joueurs écartés sont incontournables pour accélérer ou ralentir le jeu.

Un art moins spectaculaire statistiquement que celui que Grealish exerçait à Villa, mais qu'il semble avoir désormais maîtrisé à la plus grande joie de son coach.

"Evidemment, Jack joue très bien, mais je ne parle pas tant de ses prises de décision que de son audace et de son agressivité. Pour attaquer la ligne arrière, la qualité a toujours existé, mais sa détermination à prendre un risque et à prendre des décisions importantes actuellement fait la différence. Qu'il continue", l'avait-il encouragé après la victoire sur le terrain d'Arsenal.