Le gardien de la Lazio Pepe Reina face au Hellas Vérone, le 12 décembre 2020 à Rome

Cela fait vingt ans que la Lazio Rome n'a pas atteint cette altitude en Ligue des champions. Pour éviter le vertige contre le grand Bayern Munich, les heures de vol de Pepe Reina ne seront pas de trop mardi (21h00) en huitième de finale aller.

"Expérience" et "valeur ajoutée": voilà les motivations avancées l'été dernier par le club laziale, alors à l'orée de retrouver la C1 après treize ans d'absence, pour recruter le gardien espagnol de 38 ans.

Six mois plus tard, le choix s'avère payant. Pour la Lazio, seule équipe italienne invaincue en phase de poules et qui se voit offrir ce huitième de prestige face au tenant du titre. Comme pour Reina, qui n'est pas resté longtemps cantonné au rôle de doublure de Thomas Strakosha, 25 ans, auquel il semblait promis.

L'Espagnol au crâne glabre et au verbe haut a profité des difficultés de l'Albanais (coronavirus, soucis musculaires) pour multiplier les apparitions, au point de faire aujourd'hui figure de numéro un.

Ce ne sont pas tant ses statistiques pures qui font la différence que ses qualités de jeu au pied, appréciées par l'entraîneur Simone Inzaghi, et la confiance qu'il diffuse depuis sa ligne, à la différence d'un Strakosha plus fragile. 

- "Le syndicaliste" -

Car la Lazio s'en est davantage sortie par son caractère que par son jeu, notamment pour aller chercher des points avec un effectif décimé par le coronavirus à Bruges (1-1) puis à Saint-Pétersbourg (1-1). 

Avant l'ultime match contre Bruges (2-2), décisif pour la qualification, c'est d'ailleurs Pepe Reina, et pas le capitaine laziale ou un autre joueur plus "historique", qui est apparu devant la presse aux côtés de Simone Inzaghi.

L'occasion pour l'Espagnol de saluer la "force mentale" de sa nouvelle équipe: "le club passe avant l'ego de n'importe quel joueur", avait-il assuré, à l'aise dans ce rôle de leader qu'il affectionne, sur le terrain comme en dehors.

A Naples, le président Aurelio De Laurentiis le surnommait "le syndicaliste", car c'est avec lui qu'il devait négocier les primes. Et l'entraîneur Maurizio Sarri en avait fait l'un de ses principaux relais.

Sur les réseaux sociaux, le gardien qui se décrit comme "sans filtre" et "têtu" ne craint jamais non plus de se faire entendre, au risque de susciter des polémiques comme l'an dernier où il avait apporté son soutien à une manifestation organisée en Espagne par le parti d'extrême droite Vox. 

Il a également récemment invectivé sur Twitter un responsable du parti de gauche radicale Podemos, allié du chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez. 

- 75e match de C1 -

Contre le Bayern Munich, où il a fait un passage express en 2014/15 avec seulement trois matches disputés, Reina devrait jouer son 75e match de Ligue des champions. Ce qui fait plus que le nombre total de matches en C1 que comptaient tous ses partenaires réunis (72) avant le début de saison, selon les calculs du Corriere dello Sport.

Toutes compétitions européennes confondues, le champion du monde et double champion d'Europe a disputé 176 matches depuis un 3e tour retour de Coupe de l'UEFA avec le FC Barcelone en décembre 2000. Il avait 18 ans. 

Seuls Iker Casillas (188) et Cristiano Ronaldo (183) ont davantage joué en club sur la scène continentale.

Ce pedigree devrait lui valoir encore une fois la confiance d'Inzaghi pour ce choc, même si l'entraîneur assurait en décembre décider match par match pour le poste de gardien. 

"Je n'ai rien pris à personne, on travaille tous pour jouer. Mon rapport avec Strakosha est extraordinaire, on apprend l'un de l'autre", a assuré Reina, sous contrat jusqu'en juin 2022 avec la Lazio (avec option pour 2023). 

Et s'il pense à une reconversion comme entraîneur une fois les gants raccrochés, pour le moment "le corps tient", a-t-il dit en novembre au journal espagnol AS. "Quand je ne ferai plus ça avec le sourire, il sera temps de s'arrêter..."