Pour Christophe Galtier, c'est un premier classique de tous les dangers: l'entraîneur parisien affronte l'OM dimanche dans une atmosphère plombée par les velléités de départ supposées de Kylian Mbappé et les nombreuses polémiques extrasportives, qui le placent dans une situation très inconfortable.

D'ordinaire, la perspective de disputer un PSG-OM ne peut que faire saliver tout joueur ou technicien. Mais depuis la succession de révélations embarrassantes qui ont percuté de plein fouet les champions de France, ce rendez-vous ressemble désormais plutôt à un match très périlleux dimanche soir en Ligue 1 (20h45).

Comment préparer dans les meilleures conditions cette rencontre tant attendue par les supporters quand Mbappé, le joueur censé incarner le projet du club, envisage de le quitter le plus rapidement possible? 

Des PSG-OM tendus, Galtier le Marseillais (56 ans) en a connu du temps de sa carrière de joueur sur la Canebière (1985-1987, 1995-1997) ou en tant qu'entraîneur adjoint sur le banc marseillais (1999-2001). Mais jamais l'ambiance n'avait été aussi pesante autour de ce sommet.    

La crise sans précédent que vivent Galtier et son équipe n'est pas spécialement d'ordre sportif. Malgré trois nuls consécutifs et un jeu guère flamboyant, Paris reste invaincu, toutes compétitions confondues, en tête de la Ligue 1 et de son groupe en Ligue des champions, à égalité avec Benfica.

C'est surtout en coulisses que le club vacille.

- Crispation - 

En dépit de ces fortes secousses, Galtier essaie de rester droit dans ses bottes. A l'écouter, les affaires dévoilées ces derniers jours par plusieurs médias (le cas Mbappé, la mise en place par le PSG d'une "armée numérique" pour discréditer sur Twitter des personnalités) ne sont que des "rumeurs" et il a répété vendredi en conférence de presse ne pas avoir de "pression" sur les épaules. Mais sa crispation était aisément perceptible. 

"Quand vous êtes l'entraîneur du PSG, vous êtes très exposé mais là c'est très particulier, c'est tous les jours. Je suis persuadé que quand ce soir je vais rentrer à la maison, il y aura encore quelque chose. C'est très agaçant et désagréable de ne pas parler football et de mon métier", a-t-il lâché.

"Je m'aperçois que match après match, conférence après conférence, on parle 1 minute 30 de football sur quinze minutes. On n'est que sur de l'extra-sportif et quoi que je puisse vous dire, vous ne me croyez pas, puisque vous écrivez le contraire de ce que je dis", a-t-il également déclaré à l'adresse des journalistes, lui qui avait déjà été pris pour cible au moment de la polémique sur le "char à voile", début septembre, lorsque son ironie sur les modes de déplacement du club était mal passée.   

Le contexte est d'autant plus compliqué à appréhender pour Galtier que son arrivée, en remplacement de Mauricio Pochettino, s'est effectuée dans le sillage du "conseiller football" Luis Campos, lui-même nommé en raison de sa proximité avec la famille Mbappé.

En cas de départ précipité du joueur, voire de Campos, la question de l'avenir de l'entraîneur, qui a paraphé un contrat de deux ans en juillet dernier, se poserait inévitablement.

Sur un fil

Dans l'immédiat, Galtier marche sur un fil et veille à ne froisser personne. Au sujet de Mbappé, il a assuré vendredi ne pas avoir évoqué avec lui ses envies d'ailleurs tout en se disant "fier et heureux" d'entraîner le club de la capitale. 

"Est-ce que j'ai parlé avec Kylian concernant la rumeur? Non. J'ai vu Kylian très sérieux dans sa préparation, très investi. Il a eu la plus belle des réponses en étant élu meilleur homme du match" mardi contre Benfica (1-1), a-t-il expliqué.

Mais Galtier doit tout de même faire attention à la bonne tenue d'un vestiaire désormais fissuré par le cas Mbappé alors que l'attelage constitué avec Campos était justement censé ouvrir un nouveau chapitre au PSG, centré sur la discipline et la rigueur après plusieurs saisons de laisser-aller. Or, ces beaux concepts viennent d'être balayés en l'espace de trois jours.

"Quand je vous dis que ça se passe bien, que les joueurs s'entendent, qu'ils sont sérieux, professionnels et solidaires, ça n'intéresse personne et on écrit autre chose. Je ne suis pas là pour commenter des rumeurs", a-t-il martelé.